Vue aérienne, à gauche le village de Ménétréol, à droite l’enceinte polygonale des Aubelles encore bien visible.
" © Ign Paris - 2000 " Bd ortho ® - 2002/Cudc / 090. Reproduction interdite.
Ménétréol-sous-Sancerre, commune de 567 hectares (une des plus faibles superficies du canton) est située à 2 km au sud de Sancerre. La Loire la borde à l’est sur plus de 6 km ; deux types de terroirs se distinguent nettement : à l’est, le Val, terres d’alluvions, fertiles mais menacées de crues endémiques, à l’ouest, les coteaux du crétacé au relief adouci, domaine privilégié, depuis des siècles, de la culture de la vigne. Cette dernière vient buter sur le massif forestier des Garennes.
Matérialisant la limite entre ces deux entités naturelles, le canal latéral à la Loire parcourt du sud au nord la totalité du territoire communal. C’est le long de cette voie fluviale que le village de Ménétréol s’est développé au 19e siècle, après avoir autrefois longé les rives sinueuses du Boisseau et de la Vauvise et s’être densifié autour de son église, à flanc de coteau.
Ce site exceptionnel, dominé au nord par la silhouette de Sancerre, fait l’objet d’une protection depuis 1979, sur 2 hectares 5.
Notes d'histoire… Dès le 11e siècle, l’abbaye de Saint-Satur entreprend le déboisement de ce territoire et installe des convers afin de défricher les terres et cultiver la vigne. Au cœur de ce domaine viticole, elle établit un prieuré. Cette fondation est à l’origine de la paroisse de Ménétréol (dont le nom provient du nom latin monasterium). Principale détentrice de biens fonciers, l’abbaye n’en est pas moins vassale du comte de Sancerre qui octroie aux habitants de Ménétréol, au 3e quart du 12e siècle, une charte de franchise. C’est de cette époque que l’on peut dater la construction du château des Aubelles, lieu d’agrément des comtes de Sancerre : les garennes de Thauvenay offraient un territoire de chasse et les grasses prairies du Val apportaient en abondance la nourriture des chevaux.
Cette paroisse subit, comme l’ensemble du comté, les exactions des troupes armées au cours du 14e siècle et du début du 15e siècle (prise de Ménétréol en 1361 par Robert Knowles) ; après la guerre de Cent ans, la vitalité du village vigneron de Ménétréol et la proximité de la ville de Sancerre attirent une population de notables, d’hommes de lois, d’officiers, auxquelle s’ajoutent à la fin du 16e siècle des familles catholiques fuyant la place forte protestante. La paroisse de Ménétréol est à cette époque une des plus peuplées du comté. | | Extrait du plan du comté de Sancerre, conservé au château de Chantilly Ce plan, a été dessiné par Nicolas Lallemant, dans les années 1670, pour le prince de Condé, comte de Sancerre. Les Aubelles et les prés qui l’entourent appartiennent en propre au comte ; au sud du village de Ménétréol, au lieu-dit Sainte- Marie, sont indiquées une chapelle et une grange, dépendant du prieuré de La Charité –sur-Loire. |
|
| | Extrait de l’Atlas de Trudaine (route de Paris à Bourbon- l’Archambault, passant par La Charité-sur-Loire), milieu 18e siècle, conservé aux Archives Nationales. Ce plan indique le tracé de l’ancienne route de Sancerre à La Charité longeant en partie la Loire ; il souligne également l’étendue des marécages à l’est du bourg et l’importance de la vigne aux abords immédiats de ce dernier. (Agrandir) |
|
| | Extrait de la carte de Cassini, datée du milieu du 18e siècle. Le village de Ménétréol regroupe presque la totalité de la population de la commune |
En 1832, la création du canal latéral à la Loire modifie considérablement le paysage communal. Cette nouvelle voie navigable, plus fiable que la Loire au débit capricieux, contribue à l’assainissement des zones marécageuses autour de la rivière de la Vauvise, alors déviée et canalisée. Elle facilite également le transport des marchandises (ciment, pierre, chaux, vin), en particulier vers Paris par le canal de Briare. L’économie locale s’en trouve bonifiée. La nouvelle route Sancerre-La Charité, aménagée le long du canal, se lotit dans la 2e moitié du 19e siècle. Jusqu’à la crise du phylloxéra, la population augmente pour atteindre plus de 1350 habitants en 1891 (dont 200 vignerons).
Au début du 20e siècle, l’exode rural et l’hémorragie de la 1ère guerre mondiale se conjuguent pour abaisser le nombre d’habitants à 612 en 1921 ; malgré l’obtention, en 1936, de l’appellation d’origine contrôlée pour le vin blanc, la viticulture ne suffit pas à faire vivre la population. Dans les années 50, la culture du tabac se développe mais elle sera abandonnée quelques décennies plus tard par manque de rentabilité. Il faut attendre les années 70, période de forte reprise de l’activité viticole, pour constater une réelle embellie économique.
Ménétréol aujourd’hui
La réputation des vins de Ménétréol est acquise, et les terres à vocation viticole sont de plus en plus convoitées, mais au dépens de l’équilibre écologique : le remembrement, réalisé en 1967, un des premiers en Sancerrois, entraîne un arrachage trop systématique des haies, une augmentation de la surface cultivée et un désherbage excessif. L’érosion des sols provoque un déferlement de boues dans le village à l’occasion de violents orages de plus en plus fréquents. La prise de conscience, difficile, semble cependant aujourd’hui acquise, les méthodes culturales s’améliorent et d’importants travaux hydrauliques sont actuellement en cours. La préservation du site et le bien être des habitants sont à ce prix. D’autant que le village de Ménétréol devient une des haltes incontournables de la Loire à vélo et des croisières sur le canal.
Chronologie de l'implantation de l'habitat
(d'après les premières mentions d'archives et les sources cartographiques consultées)
Les rares sites habités sont d’origine médiévale ; autour du village des lotissements apparaissent à la fin du 19e siècle.
Sur la commune de Ménétréol-sous-Sancerre
• 60 édifices repérés
• 16 édifices ou ensembles bâtis sélectionnés
• 14 objets mobiliers religieux sélectionnés
• Site inscrit