Évocation du canton de Sancerre | Quelques repères historiques l Le vignoble l Documentation
Quelques repères historiques


Gravure extraite d'un album édité par Gaspard Mérian en 1657, d’après un dessin réalisé avant les sièges du 16e siècle. AD Cher.
La position exceptionnelle de la ville de Sancerre sur un piton dominant la vallée de la Loire explique le rôle que cette ville joua au cours des siècles. Dès le 10e siècle, place forte verrouillant l'entrée en Berry à l'est, elle fut de tout temps convoitée et ses sièges restèrent célèbres.


Les premières traces d'occupation de ce canton datent de la préhistoire, mais c'est après la prise d'Avaricum par César en 52 av. J.- C. qu'émerge Gortona, ou Gorgobina, sous l'égide des Boïens. La logique voudrait que l'oppidum soit localisé à Sancerre, néanmoins les principales données archéologiques proviennent de St Thibault, au pied du piton : agglomération du Ier siècle, présentant villae, bâtiments publics et activités artisanales, non loin de deux voies romaines (Bourges-Rians-Sancerre, Lyon-Autun-Gien-Orléans). Pont en brique, port et vestiges de bateau témoignent de la forte activité du lieu, ainsi que de la navigation sur la Loire. Le vicus atteint 35 ha au 4ème siècle, et pourtant sera abandonné au Haut Moyen Âge au profit de Château-Gordon, châtellenie attestée au 10ème siècle et dont le siège, situé à Saint–Satur (lieu de fondation en 1034 de la célèbre abbaye augustine) est à l’origine de la seigneurie de Sancerre. Mentionnée pour la première fois dans les textes en 1116 (1015 selon Buhot de Kersers), la seigneurie est érigée en comté en 1152, lorsque Etienne, comte de Champagne, en devient le maître. Elle ne sera rattachée à la couronne de France qu’en 1234.
Les comtes de Sancerre, par l’étendue de leur domaine et leurs relations privilégiées avec les rois de France, comptent parmi les seigneurs les plus influents du Berry ; Louis II et Jean III de Sancerre, ainsi que Jean IV de Bueil un siècle plus tard, prennent une part très active à la guerre de Cent ans.

Par sa position géographique en limite des possessions du duc de Bourgogne, le comté de Sancerre est d’ailleurs l’enjeu de conflits violents (pillage entre autres de l’abbaye de Saint-Satur en 1361). Il n’est pas plus épargné au 16e siècle, lors des guerres de religion, après pourtant quelques décennies d’accalmies à la fin du 15e siècle. En 1572, la prise difficile de Sancerre, une des principales places fortes protestantes, restera célèbre et c’est un comté dévasté que le prince de Condé, Henri II de Bourbon, gouverneur du Berry, acquiert en 1640. Peu présent sur son domaine, il laisse tout pouvoir à ses baillis et fermiers. La politique du prince sera peu favorable aux protestants qui quitteront en grand nombre la région. C’est sous le Directoire que Sancerre manifeste à nouveau son esprit frondeur : connue sous le nom de « petite Vendée sancerroise », l’insurrection contre-révolutionnaire du printemps 1796 est de courte durée mais fort populaire.



Le château de Sancerre lors du siège de 1569.

Gravure du début du 17e siècle, d’après un dessin de Claude Chastillon. AD Cher.

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Malgré la notoriété du vin de Sancerre depuis l’époque médiévale, au 18e siècle, la majorité des parcelles sont des terres labourables où l’on pratique la polyculture. Néanmoins, Saint-Thibault est un port actif qui assure le transport du vin mais aussi du bois et de la pierre vers Paris et la vallée de la Loire.
Il faut cependant attendre le milieu du 19e siècle pour assister à une réelle embellie économique, sous la houlette de grands propriétaires terriens comme le comte de Montalivet. La création du canal latéral à la Loire en 1838, tout en facilitant le transport des marchandises, contribue également à un assainissement des terres et une meilleure rentabilité des sols. La construction du pont suspendu de Saint-Thibault en 1834 améliore les échanges avec la Bourgogne et la ligne de chemin de fer Bourges-Sancerre, ouverte en 1885, désenclave une partie du canton dont la population double en 50 ans ! Cependant la crise du phylloxera en 1885 porte un coup brutal à l’économie locale en anéantissant toute l’activité viticole. Sa remarquable renaissance après la première guerre mondiale et l’obtention du label AOC, d’abord en 1936 pour le « Sauvignon pur », et en 1959 pour les vins rouges et rosés, redonnent au canton de Sancerre une nouvelle vitalité, sans oblitérer pour autant les difficultés des communes non viticoles qui assistent à un exode rural massif. Le canton de Sancerre avec ses 18 communes, est toutefois devenu en quelques décennies un des cantons du Cher les plus prospères : le vin de Sancerre, déjà réputé à l’époque médiévale, est aujourd’hui connu dans le monde entier.
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