Analyse de l’habitat



Sur les 390 maisons recensées par l'Insee en 1999, 43 ont été repérées ou sélectionnées lors de l'enquête menée en 2006 par le service de l'Inventaire ; les 347 maisons qui n'ont pas été prises en compte sont soit postérieures aux années 1950, limite chronologique de l'étude (42% du bâti est concerné), soit trop transformées pour être analysables. L'essentiel de l’analyse porte en fait sur un habitat de la seconde moitié du 19e siècle : entre 1848 et 1884, 135 constructions neuves sont attestées sur les matrices cadastrales.

Réparti sur 18 lieux-dits, l’habitat de Bannay se concentre toutefois autour du chef-lieu communal qui intègre aujourd’hui les hameaux satellites de la Chotarderie, les Bonnins, les Chenus et Boisrond. Actuellement, la route départementale 955 est bordée d’un habitat peu dense mais presque sans interruption entre Boisrond et les Fouchards, incorporant le hameau des Chigots. Trois hameaux isolés subsistent cependant dans la partie nord de la commune : Monte Conor - Bussy, les Bottins et Les Mondets. Quelques fermes isolées, anciens domaines en limite du bois de Charnes, et trois anciens moulins sur la rivière de la Belaine complètent l’habitat de la commune.

Exception faite du château de Bannay et de quelques domaines comme Boisrond, ou moulins comme le moulin Déza, les vestiges d'un habitat antérieur au 19e siècle sont peu nombreux. Quelques éléments d'architecture (fenêtres, cheminées), datés des 15e et 16e siècles, sont cependant encore visibles à Bussy et à Monte Conor (ill. 1).

Illustrations 1
Illustration 1. Monte Conor, détail

Typologie
Sur cette commune rurale, l'habitat se répartit essentiellement en 3 types :

La maison basse en rez-de-chaussée, modèle traditionnel dominant sur l’ensemble du Sancerrois. Elle est à pièce unique, se prolongeant par une étable ou écurie. Rarement isolée, elle forme avec d’autres logis du même type les alignements les plus anciens, malheureusement souvent dénaturés par les transformations successives du bâti. Au cours du 19e siècle, le logis s’est agrandi d’une pièce supplémentaire et le volume général du bâtiment s’est accru. Cette maison était celle de l’ouvrier agricole ou de l’artisan ; elle se situe dans le village ou les hameaux environnants (ill.2).

Illustrations 2
Illustration 2

La ferme constituée de bâtiments indépendants, souvent vastes, à usage d’exploitation et d’habitation et regroupés autour d’une cour, ouverte ou fermée. Ce type concerne les grands domaines agricoles comme Beaufroid, Bellerive ou Boisrond. Ces sites, d’implantation ancienne, ont parfois conservé des bâtiments antérieurs au 19e siècle.

La ferme dite "bloc à terre", logis, étable et grange sous le même toit. Il s’agit d’un type qui date de la 2e moitié du 19e siècle, période d'une incontestable embellie économique. Elle est bien représentée dans des hameaux comme La Turpinerie, Les Bottins, Monte Conor. Bâtiment généralement haut, offrant un ample grenier, parfois réaménagé en étage d'habitation lors des restaurations du 20e siècle, cette ferme forme une unité indépendante rarement accolée à une autre construction (ill. 3). Un hangar est parfois construit postérieurement, en vis-à-vis.

Illustrations 3 et 4
De gauche à droite : illustrations 3 et 4

Au cours du 19e siècle, le long des nouvelles voies de communication (canal et chemin de fer) apparaissent des constructions qui se réfèrent à des modèles prédéfinis : maisons éclusières et maisons de garde-barrière. Si elles ont aujourd'hui perdu leur vocation première, elles marquent encore le paysage (ill. 4).

Mise en oeuvre

Illustrations 5 et 6
De gauche à droite : illustrations 5 et 6 (agrandir)

La construction est en moellons de pierre calcaire (anciennes carrières au lieu-dit Monte Conor) (ill. 5), parfois associés au grès (ill. 6).

Illustrations 7 et 8
De gauche à droite : illustrations 7 et 8

Les encadrements des baies sont en pierre de taille calcaire (ill. 7), mais l’utilisation du bois persiste une bonne partie du 19e siècle (ill. 8) ; la brique en encadrement est caractéristique de la fin du 19e siècle (ill. 6).
Les toitures sont pour la plupart à longs pans, couvertes de façon traditionnelle en tuiles plates. La tuile mécanique apparaît au milieu du 19e siècle.
Les toits à croupe, rares sur cette commune, sont réservés aux demeures de maître (ill. 9).

Illustration 9
Illustration 9